lundi 26 novembre 2007

LA MISE EN ORDRE DES CADRES ECCLESIASTIQUES

LA MISE EN ORDRE DES CADRES ECCLESIASTIQUES

L’EPOQUE CAROLINGIENNE.

Introduction.

Pour les lettrés carolingiens, la société chrétienne est une « ecclésia », entendue comme la communauté réunissant tous les fidèles chrétiens. Peu à peu à partir du VIII°, s’élaborent des théories visant à exposer cette société chrétienne idéale, à lui donner des cadres. Tout d’abord, au sein de la société, se distinguèrent 2 ordres (les clercs et les laïcs) puis 3 (les clercs, les moines, et les laïcs, ou les clercs, les princes, les producteurs). A un moment où les ecclésiastiques et les souverains (Charlemagne) cherchent à remettre en ordre la société, conçue comme un tout, cette réflexion paraît adaptée. L’époque carolingienne représente un tournant capital dans l’élaboration d’une réflexion sur la notion d’ordre. Les auteurs carolingiens utilisent pour cela des sources antiques qu’ils vont christianiser à l’instar d’Haymon maître d’école d’Auxerre. C’est le premier qui élabore la théorie médiévale des trois ordres. Au début de son commentaire sur l’Apocalypse, il donne un schéma des 3 ordres de l’ecclésia marchant vers la Parousie : les clercs, emmenés par les évêques, les hommes d’armes guidés par les princes, et la troupe indistincte des producteurs.

Comme on le devine, les 3 ordres ne sont pas fixés, mais chacun propose son modèle.

Au sein de l’ecclésia, les clercs et les moines jouent un rôle important à l’époque carolingienne car ils représentent, en plus du roi, les guides à suivre en matière de pastorale chrétienne. Dans l’organisation de la société carolingienne, en particulier sous le règne de Louis le Pieux, évêques et moines servent également de points d’appui au pouvoir royal ou impérial ce qui explique pourquoi les grandes réformes sont insufflées par le roi ou l’empereur.

I. L’ordre des Clercs.

  1. La place du roi ou de l’Empereur.

Si l’empereur s’appuie sur les aristocrates, il va aussi largement s’appuyer sur le clergé qui va faire l’objet d’une grande réforme générale. La sacralité du roi ou de l’empereur l’incite à contrôler étroitement les membres de l’Eglise. Les évêchés et les monastères, protégés par l’empereur, vont constituer des points d’appui du pouvoir central et forment donc un autre moyen de contrôle du territoire par les Carolingiens.

Ces relations étroites avec l’empereur sont d’abord attestées par le recrutement des évêques et des abbés ; ceux-ci sont le plus souvent choisis parmi les membres de l’aristocratie ; ce sont souvent des enfants élevés, « nourris » à la cour impériale, à l’instar des évêques du VIIème comme Didier de Cahors.

En tant que représentant de l’Eglise, le souverain intervient aussi directement dans la vie religieuse : il nomme les évêques, convoque des conciles. Réciproquement les évêques doivent le guider et le conseiller. Le règne de Charlemagne peut être considéré comme celui de la « théocratie royale » : en effet, ce dernier entend être le représentant de Dieu sur terre comme le suggère le texte de l’admonition Generalis. Le couronnement impérial de 800 renforce cette conception et donne aussi une nouvelle place à la papauté.

  1. Une place nouvelle pour la papauté.

A l’époque mérovingienne, l’Eglise n’est pas encore assez unifiée pour donner au pape le rôle de « chef » de la communauté chrétienne comme il le devient plus tard. Certes, sa position en tant que successeur de Pierre est prestigieuse, mais il existe alors plus une « fédération » d’Eglises qu’une conception unitaire de celle-ci. Divers mouvements venant des Eglises de Bretagne ou de Germanie favorisent déjà l’intervention du pape dans la manière de conduire la christianisation de certaines régions. Toutefois, c’est bien au cours du IX° que la papauté acquiert une nouvelle place sur l’échiquier politique occidental.

Au VIII° siècle et même jusqu’au règne de Louis le Pieux, le pape est perçu comme un égal du roi puis surtout de l’empereur. Ce dernier s’envisage comme recteur de la Chrétienté et convoque les conciles les plus importants. Au IX° le pape commence à prendre sa place dans la cérémonie du couronnement impérial : peu à peu, les couronnements ont lieu à Rome régulièrement ; le pape procède à l’onction et au couronnement du prince.
Les années 830 mettent en cause la suprématie du pouvoir impérial et les prélats débattent au sujet du rôle des clercs et du pape (concile de Paris de 829, œuvre de Jonas d’Orléans)

A partir des années 860, les problèmes de succession impériale, les affaires matrimoniales (le « divorce « de Lothaire II), renforcent le rôle du pape en tant qu’arbitre. La seconde moitié du IX° est donc marquée par des figures pontificales qui s’affirment face au pouvoir impérial comme Nicolas Ier (858-867) ou Jean VIII. L’Eglise commence alors à se penser comme une structure unitaire mais ce n’est que le début d’un long parcours qui aboutit seulement au XI°.

  1. Réorganisation et réforme du clergé épiscopal.

Evêques et prêtres remplissent des fonctions déjà très importantes à l’époque mérovingienne mais leurs actions, suivant les Carolingiens, manquent de concertation et de rigueur. Par exemple, certains diocèses n’ont pas d’évêques, d’autres sont trop étendus pour être bien gérés, des prélats ont des mœurs peu rigoureuses, les auxiliaires de l’évêque, prêtres et chanoines, mènent parfois une vie peu « chrétienne », la liturgie n’est pas toujours bien respectée. Enfin, certains membres de familles aristocratiques parviennent à occuper les fonctions d’évêques régulièrement et gèrent les biens de l’Eglise comme leurs biens propres.

Cette variété de comportements ne favorise pas un encadrement uniforme et efficace des fidèles, ni une cohérence dans l’attitude des prélats. Le pouvoir royal ou impérial carolingien va donc chercher à uniformiser les structures ecclésiastiques pour finalement mieux les contrôler. Les souverains sont aidés par une partie de l’épiscopat dont les membres sont leurs plus proches conseillers. L’importance des missions qui sont confiées aux évêques par le roi est même dénoncée au concile de Paris en 829, les prélats réclament plus de temps pour gérer leur diocèse.

Les réformes sont entreprises sous le règne de Pépin mais surtout sous Charlemagne. Le texte d’Eginhard énumère la fin du règne 21 archevêchés ce qui témoigne d’une meilleurs organisation des provinces, regroupées en évêchés suffragants. A une autre échelle, les évêques cherchent à mieux contrôler leur diocèse en encadrant les paroisses dont la structure juridique se précise.
Hincmar de Reims
entreprend une grande enquête auprès des prêtres de son diocèse pour obtenir un état des lieux des paroisses. Textes normatifs et sources archéologiques viennent s’épauler pour témoigner d’un encadrement ecclésiastique renforcé. Toutefois, prudence : le réseau paroissial n’est abouti qu’au XI° siècle ; il s’agit d’un phénomène particulièrement lent et sans doute très inégal.

Un autre mouvement de réforme concerne la rénovation de la liturgie et la prédication. En 813, les conciles sont tenus à ce sujet, visant à uniformiser les pratiques. On demande aux évêques de prêcher dans une langue compréhensible par les auditeurs, on interdit aux laïcs et aux femmes le droit de prédication.
Enfin, un effort particulier est fait en faveur de la vie des clercs subordonnés à l’évêque, les chanoines, qui sont invités à adopter un mode de vie monastique. Jusqu’alors ils n’étaient pas astreins à la vie commune (dortoir et réfectoire surtout)mais vivaient en ville dans leur propre demeure. Un évêque, celui de Metz, Chrodegang (724-766) élabore une véritable règle de vie pour ces auxiliaires. Ce règlement est moins strict que pour les moines, mais il contraint à la vie à l’intérieur d’une clôture.

Chrodegang et le groupe épiscopal de Metz. Chrodegang, est évêque de Metz, il occupe aussi l fonction de chancelier de Pépin le Bref. Il va élaborer une règle de vie pour ses chanoines entre 755 et 757, en s’inspirant de la Règle de Saint Benoît. Ainsi, les chanoines doivent vivre à l’intérieur d’une clôture mais ils peuvent tout de même en sortir facilement. Le travail manuel ou l’abstinence sont évoqués mais sans réelles contraintes.
Metz est une cité très importante de l’Austrasie où plusieurs membres de la famille carolingienne sont inhumés comme Hildegarde, femme de Charlemagne. L’établissement de la cathédrale à Metz remonterait au V°.

Des vestiges carolingiens à Metz indiquent que cette seconde moitié du VIII° marque bien le début de la « renaissance carolingienne » en architecture.

La règle de Chrodegang, a servi de modèle à d’autres communautés, mais aussi cela reste un mouvement ponctuel. Les assemblées réformatrice de 816, à Aix la Chapelle vont reprendre ce règlement en lui donnant le nom de « Règle d’Aix ». Ce sont surtout les évêques du nord de l’empire qui semblent avoir appliqué ces principes et construit une clôture que l’on perçoit à Lyon, à Rouen ou à Autun. Toutefois les découvertes archéologiques ne permettent pas encore d’avoir une idée précise sur l’ampleur de l’application e la réforme. Ces premiers cloîtres restent d’ailleurs très mal connus concrètement et semblent avoir été peu nombreux.

II. L’ordre des Moines.

Si les évêques restent les conseillers privilégiés du roi ou les officiers de son palais, les moines vont jouer un rôle important dans le nouvel ordre que veulent mettre en place les Carolingiens. Comme pour le clergé séculier, on note une ferme volonté d’uniformisation, notamment osus le règne de Louis le Pieux. Cette homogénéisation va de pair avec un contrôle plus étroit des monastères. La réforme souhaite bien confier aux moines une tâche essentielle, celle de prier pour le salut de l’âme du souverain et celle des membres de sa famille.

  1. Les nécessités d’une réforme.

Au VIII° siècle, on compte environ 650 monastères en Occident. Ils sont particulièrement diversifiés : de la petite cella rurale, abritant quelques moines aux grands établissements réunissant plusieurs centaines de religieux.

La variété des situations à l’origine des fondations explique en partie cet état de fait. On se souvient du poids de l’aristocratie dans la fondation des monastères familiaux qui échappent en partie au contrôle du pouvoir central. Ces monastères sont plus ou moins bien dotés pour survivre. On peut à ce sujet rappeler les fondations de monastères féminins qui servent aussi à abriter les veuves ou certaines jeunes filles de l’aristocratie. Ainsi, dans la famille des Pippinides, Itte veuve de Pépin de Landen, fonde en 649, un monastère sur ses terres sur le conseil de l’évêque Armand. A sa mort sa fille Gertrude devient l’abbesse du monastère qui prospère rapidement. D’autres établissements comme Bobbio ou le Mont Cassin sont fondés par une grande figure monastique ; le souverain aide aussi beaucoup à établir des monastères comme la reine Bathilde au VII° siècle en Neustrie.

Les règles de vie y sont aussi multiples. Certains prétendent suivre la règle bénédictine, d’autres les usages colombaniens, tous suivent aussi des coutumes qui leur sont propres. Par ailleurs, il existe alors des formes différentes du monachisme avec des moines dit gyrovagues, c'est-à-dire vagabonds, ermites que l’on confond parfois avec des mendiants. Cette errance ne satisfait pas l’épiscopat qui cherche à contrôler tout mouvement au sein du diocèse. La fondation d’un monastère doit d’ailleurs recueillir l’autorisation du prélat

Dans ce domaine encore, c’est sous le règne de Charlemagne que les réformes sont entreprises mais c’est surtout son fils Louis le Pieux, qui va les mettre en œuvre.

Les souverains veulent des monastères stables et souhaitent pouvoir compter sur les prières des moines pour le succès de leurs entreprises et le salut de leurs âmes.

  1. Benoît d’Aniane et les outils de la réforme.

Dès la fin du VIII°, des capitulaires sont promulgués pour assurer un respect des vœux du moine et de la règle adoptée. Les évêques interviennent dans les monastères pour interdire toute activité extérieure des moines. C’est sous le règne de Charlemagne que le besoin est ressenti d’unifier les règles de vie. Charlemagne fait copier la Règle de Saint Benoît, et fait diffuser ce texte dans tous les monastères. Toutefois c’est surtout avec Louis le Pieux que la grande réforme est entreprise.

Avant d’être empereur, Louis est roi d’Aquitaine, il œuvre déjà dans ce cadre avec un moine languedocien, Benoît d’Aniane, à qui il va confier le soin de « diriger » la réforme des monastères du Regnum puis de l’empire.

Né vers 750 il porte alors un nom wisigoth ; Witiza ; il est le fils du comte de Maguelone. Il entra au monastère de Saint Seine (près de Dijon), devient moine et prend le nom de Benoît. Peu après, mécontent du relâchement disciplinaire dans les monastères, il parvient à fonder son propre établissement sur les terres familiales, à Aniane. Il demande à ses compagnons de suivre la Règle de Saint Benoît (de Nursie) d’une façon plus stricte et réfléchit sans doute à la meilleure façon de vivre le monachisme. Le roi Louis lui demande alors de « réformer » une vingtaine de monastères dans le royaume d’Aquitaine dont la liste est partiellement connue à travers les biographies de Louis le Pieux et la Vita de Benoît. Quand Louis le Pieux succède à Charlemagne en 814, il appelle Benoît à ses côtés : il lui confie des terres pour fonder un établissement « idéal », Inden, à côté d’Aix la Chapelle, et le place « à la tête de tous les monastères de l’empire » pour les réformer.
Entre 816 et 817, Benoît préside de grandes assemblées à Aix la Chapelle. Moines et abbés se rassemblent pour réfléchir à la vie monastique, proposer de nouvelles règles, promulguer des lois. Tous sont d’accord pour que l’ensemble des monastères adopte comme unique règle, celle de Saint Benoît de Nursie. Les moines sont invités à la suivre strictement, à respecter la clôture, ainsi qu’une liturgie précise et complexe. Cette règle est complétée par le capitulaire monastique, un nouveau règlement de 83articles, modifiant ou précisant les lacunes de la règle bénédictine. Ainsi le nombre des offices et des prières est augmenté ; le rôle de l’abbé à la tête de la communauté est accru, il est librement élu par les moines. La prière devient très importante et occupe une bonne part du temps des moines. Elle crée des liens étroits entre les laïcs et les moines.
Par ailleurs, Benoît a aussi laissé un texte important qui est une « concorde entre les règles » (concordia regularum). L’abbé s’est attaché à montrer les relations qui existent entre chaque règle écrite connue. Cet ouvrage atteste de la connaissance importante de Benoît du monde monastique, indispensable pour pouvoir mener à bien ses réformes. On soulignera aussi que Benoît est entouré d’un réseau d’abbés et d’évêques le soutenant dans son action, il s’agit bien d’un projet collectif. Le plan di de Saint Gall, manuscrit exceptionnel, semble être la représentation idéale d’un monastère bénédictin. Il pourrait avoir été élaboré à la suite des conciles d’Aix.
Pour faire appliquer la réforme, des missi sont envoyés dans les monastères pour expliquer, voire sanctionner. Le plus gros problème est posé par les établissements qui ont adopté une règle plus souple ; celle des chanoines. En effet, autour des anciennes basiliques conservant de précieuses reliques, des communautés de clercs se sont crées (Saint Martin de Tours, Saint Denis) Ces religieux hésitent entre le mode de vie canonial ou monastique. Ainsi le monastère de Saint Denis a alors à sa tête l’abbé Hilduin qui refuse d’adopter la règle bénédictine. Benoît d’Aniane et son homologue Arnulf viennent pour proposer une réforme mais leur tentative échoue. Les moyens mis en œuvre sont assez importants, mais il demeure difficile de mesurer les effets concrets de cette réforme pour chaque monastère. Ces efforts ont toutefois assurément accordé une nouvelle place aux moines dans la société et instauré de nouvelles relations avec la royauté.

  1. Des liens privilégiés entre monastères et royauté.

La réforme monastique ne peut pleinement se comprendre sans tenir compte des rapports qui s’instaurent avec la royauté. En effet, pour garantir l’application de la règle bénédictine, les souverains vont déployer des moyens importants, tissant des liens étroits avec les moines. Ces liens sont en relation directe avec le rôle joué par les religieux dans la société. Ceux-ci vivant en retrait du monde, doivent théoriquement consacrer leur temps à prier. Ils prient pour le salut de l’empereur de sa famille et pour la stabilité de son règne. Ce sont des intermédiaires entre Dieu et cette mission qui prend de plus en plus d’importance. Ces prières sont réalisées en l’échange de dons royaux que l’on connaît grâce aux diplômes conservés.

En général lorsqu’un monastère suit la réforme et adopte clairement la nouvelle règle, le roi le prend sous sa protection (tutitio) voire lui accorde le privilège d’immunité et le droit d’élire librement son abbé. Ce don peut s’accompagner, plus concrètement la donation de biens (terres villae, églises). Le privilège d’immunité consiste à prendre le monastère sous la protection directe du roi sans interdire l’accès aux comtes et aux agents royaux.

L’espace monastique bénéficie donc d’un statu juridique particulier, en dehors de la juridiction comtale. Le monastère immunisé est alors représenté par un avoué qui exerce les charges judiciaires et administratives.
Ces relations étroites créent une collaboration entre les rois carolingiens (mais aussi les membres de la haute aristocratie) et les moines. Même si le droit de libre élection de l’abbé est concédé, c’est toutefois le plus souvent le roi qui nomme les abbés, issus de l’aristocratie de son entourage. Certaines abbayes ont à leur tête de abbés dont un « abbé laïc », souvent un grand aristocrate à l’instar de l’abbé Vivien, comte de Tours et abbé de Saint Martin à la fois. Les monastères apparaissent donc comme des points d’appui du pouvoir royal et aristocratique. Si on peut penser qu’il s’agit d’une « mise sous tutelle », il ne semble pas que les moines l’aient alors vécu de cette manière. Au contraire, pour le moment, la protection royale est une garantie d’autonomie mais aussi d’expansion car le souverain est le plus grand pourvoyeur de biens.

CONCLUSION


Ce grand programme d’unification et d’organisation de l’Empire s’appuie donc sur un système hiérarchisé dans lequel chacun trouve sa place et a une mission précise. A la tête du système se trouve l’empereur, ses proches que chacun doit servir : les comtes et leurs subordonnés, les évêques et les moines. Les Carolingiens ont une mission précise : l’encadrement pastoral des fidèles pour les clercs ; la prière pour les moines. Ce programme apparaît en accord avec le souhait de réaliser une société chrétienne idéale, l’ecclésia.

L'encadrement des royaumes chrétiens

L’encadrement des royaumes Chrétiens.

Entre l’IVème et le X° phénomène majeur qui va transformer la société et le « paysage » dans le sens où la construction des églises va contribuer à modifier la structure du peuplement rural et le paysage urbain.

I. Une nouvelle religion adoptée par les empereurs romains.

  1. Une nouvelle religion universaliste…

Le christianisme est une religion née autour du ministère et de la prédication du Christ (Evangiles, Nouveau Testament). Du I° au III° siècle les chrétiens apparaissent comme les praticiens d’un mouvement religieux mineur, toutefois les adeptes sont de plus en plus nombreux et sont le plus souvent persécutés (grande persécution de l’empereur Dioclétien eu III°). Les premiers Chrétiens, mort dans le sang et la violence, sont vénérés et deviennent les martyrs rouges, premiers saints.

Leur dévouement à Dieu est perçu comme un comportement valeureux et au sommet du comportement humain.

La nouveauté de cette religion induit en fait la persécution organisée par les Romains. En effet, il s’agit d’une religion monothéiste mais surtout universelle, qui défie les différences linguistiques, culturelles, sociales, et s’adresse à tous.

C’est aussi une religion qui est liée à une certaine morale : le Chrétien doit conduire sa vie d’une certaine façon pour assurer le salut de son âme même si le poids du péché reste moindre pendant cette période.

  1. ….adoptée par les empereurs romains.

Le IV° correspond à un siècle fondateur dans l’histoire de l’Eglise chrétienne ; le siècle est aussi dénommé celui de la « paix de l’Eglise » il est marqué par deux grandes figures impériales.

L’empereur Constantin (306-337), en promulguant l’édit de Milan en 313, autorise le culte chrétien qui acquiert alors le même statut que les cultes païens.

Les persécutions chrétiennes sont globalement terminées. Avec Constantin, de toléré, la religion devient favorisée, car l’empereur et sa famille se convertissent au christianisme. Un premier art chrétien « officiel », lié à la famille de l’empereur et aux premiers évêques s’élabore et les premières églises sont édifiées.

Le second repère essentiel c’est le règne de Théodose I° (379-395) qui ordonne la fermeture des temples païens et l’arrêt des sacrifices. Le christianisme devient la religion officielle de l’empire. Le clergé se structure et s’affirme. Dans les cités de l’empire, l’évêque rassemble les fidèles de l’ecclésia dans un nouveau cadre spatial : la cathédrale.

C’est l’époque des pères de l’Eglise, des grands évêques qui sont aussi des théologiens et des auteurs. Ce siècle correspond à une phase d’effervescence où les évêques cherchent à mieux définir leur rôle, ils définissent la pensée des Chrétiens, discutent leur comportement. Ainsi, Augustin, évêque à Hippone, en Af.N. écrit un traité sur le comportement à avoir avec les morts ; il s’interroge sur la vie que doivent mener les prêtres qui le seconde. Ambroise évêque de Milan, cherche à lutter contre l’arianisme ; il écrit sur la symbolique du sacrement du baptême, Martin, évêque de Tours, a été l’ami d’Hilaire, prélat de Poitiers : il s’intéresse aux formes de vie des premiers moines. C’est aussi l’époque de la naissance du monachisme.

Cette période de définition est émaillée par de violents débats théologiques.

Rassemblés en Conciles, les évêques discutent et élaborent le dogme « orthodoxe » c'est-à-dire catholique, dont les grandes lignes sont définies par le concile de Nicée en 325.

C’est alors que le terme d’hérésie prend tout son sens et que ce développe notamment l’hérésie arienne, pratique chrétienne favorisée par les peuples barbares.

  1. Une christianisation des élites urbaines d’abord.

Théoriquement, depuis la seconde moitié du IV°, l’empire est chrétien, mais en pratique, la christianisation des populations est très progressive ; touche d’abord les élites, les empereurs, leur entourage et l’aristocratie romano-barbare.

L’empereur apparaît désormais comme un bienfaiteur des Chrétiens. Il contribue à la construction des grandes églises, protège le clergé, promulgue des lois en faveur du christianisme et intervient même parfois dans les débats théologiques en convoquant les conciles

Dans les grandes cités, certains aristocrates se convertissent au christianisme. Par exemple, à Bordeaux, Ausone (310- 394), docteur et poète occupe des fonction importantes. Il a été « maire » de Bordeaux, puis précepteur de l’empereur Gratien, à Trèves. Menant une vie aristocratique, appréciant les œuvres littéraires profanes, Ausone a sa manière de vivre le christianisme.

Parmi les peuples fédérés, certains ont conservés leurs droits, leurs coutumes mais aussi leur religion. Certains sont donc encore païens comme les Francs jusqu’au baptême de Clovis à la fin du V° ; d’autres plus nombreux sont chrétiens.

Cependant la plupart des peuples « barbare », sont ariens (Wisigoths, Vandales, Ostrogoths) Leur installation dans l’empire va donc susciter des conflits entre les membres du clergé arien et catholique, mais l’impact de ces conflits reste difficile à estimer.

Les raisons du choix de l’arianisme sont délicates à saisir, faute de source.

On sait que plusieurs prédicateurs ariens eurent du succès chez les Goths avant leur migration au sud du Danube. Le choix des Goths et la plupart des barbares résulte sans doute plus de traditions, de recherche d’une différence, plus que de convictions théologiques ! Par ailleurs, le clergé arien reste embryonnaire, mal organisé, il ne faut pas imaginer une véritable église parallèle mais des usages distincts. Dans la pratique d’ailleurs, rien de distingue une église arienne dans une église orthodoxe.

Ainsi à Ravenne, il existe deux cathédrales et deux baptistères, orthodoxe et arien, que rien ne distingue.

II. L’encadrement des Chrétiens : le clergé.

  1. Evêques et prêtres au service des fidèles.

La christianisation progressive de l’empire passe surtout par l’évangélisation des populations, assurée en grande partie par les membres du clergé dont la figure dominante est l’évêque.

Entre le milieu du IV° et la fin du V°, un évêque va siéger dans presque chaque cité romaine, il représente le chef de la communauté chrétienne.

Il réside donc dans le chef lieu de la cité et contrôle théoriquement un territoire qui prend peu à peu l’appellation de diocèse.

La répartition des sièges épiscopaux en Gaule est inégale, elle résulte de remaniements successifs mais aussi de la densité variable des anciennes cités gallo romaine.

Ainsi les cités épiscopales sont nettement plus nombreuses dans le sud de la Gaule, en Italie (200 sièges) que dans le Nord de l’Empire (3sièges au-delà du Rhin)

Le rôle des évêques est capital.

En premier lieu, il a une mission chrétienne évidemment. Il est responsable des fidèles, c'est-à-dire qu’il a charge d’âme et administre les sacrements.

En ce sens il incarne le pasteur et doit effectuer sa mission pastorale, c’est pourquoi il est pourvu d’une crosse. Il doit aussi protéger les démunis, évangéliser les populations à travers la prédication. La protection et le soin apportés aux personnes sont très importantes car ces actions sont en relation avec le concept de charité, central pour la figure épiscopale ; certains historiens ont alors employé le terme d’évergétisme chrétien pour qualifier cette « générosité », les biens de l’aristocratie étant redistribués en partie aux pauvres.

La construction de nouveaux pôles monumentaux dans les villes, les groupes épiscopaux, témoigne du pouvoir grandissant de l’évêque

Ces groupes réunissent une ou deux églises (dont la cathédrale) un grands baptistère indépendant, des bâtiments résidentiels pour l’évêque, souvent un « hôpital » et des bâtiments pour accueillir les pauvres.

De plus, les liens entre les évêques et l’aristocratie sont assez étroits notamment en Gaule. Les prélats sont souvent issus de grandes familles locales. Théoriquement l’évêque est élu par le « peuple » auquel le clergé s’ajoute peu après. En réalité ce peuple est souvent constitué par les élites urbaines.

Au VII°, le roi franc intervient de plus en plus dans le choix des évêques, dont il s’entoure d’ailleurs.

Entre le V° et le VI° avec l’affaiblissement de l’encadrement politique impérial, l’évêque devient bien souvent le seul maître de la cité, surtout dans les provinces occidentales, plus éloignées du pouvoir central comme en Gaule. Il incarne le défenseur de la ville, il s’avère bien souvent être l’administrateur, voire le percepteur des impôts.

Des liens entre les évêques existent et sont de plus en plus étroits. Ils se réunissent pour promulguer des lois, parfaire le dogme catholique, discuter des points litigieux. A l’échelle du diocèse, il s’agit du synode ; les réunions des évêques d’un royaume ou de l’ensemble de la chrétienté s’intitulent de conciles. Les évêques promulguent des canons, sortes de règles, dont le clergé doit se charger de l’application. Les canons révèlent les préoccupations du clergé chrétien et permettent souvent de constater que la christianisation n’est pas aboutie.

Peu à peu, ce clergé diocésain, se structure. Théoriquement le chef de la chrétienté est l’évêque de Rome, le pape, perçu come le successeur de l’apôtre Pierre.

Pour cette période, il a encore peu d’autorité concrète. Quelques grandes figures se distinguent comme Grégoire le Grand, à la fin du VI°, mais son pouvoir n’est pas réellement supérieur à celui des autres évêques. Il existe aussi des archevêques ; ce sont les chefs des évêques, d’une province ecclésiastique ; leur pouvoir s’affirme surtout à l’époque carolingienne.

Les chanoines sont des prêtres au service de l ‘évêque, ils apparaissent surtout à partir du VI° siècle. Ils peuvent aussi veiller au service liturgique d’une église vouée au culte d’un saint, d’une basilique.

Les diacres sont ceux qui aident l’évêque dans certaines tâches (lecture, port des cierges, de l’encens…)

Les prêtres se caractérisent par le fait qu’ils ont été ordonnés et peuvent donc administrer les sacrements au même titre que l’évêque, même si cette pratique intervient essentiellement à partir du VI°. Le prêtre est placé à la tête d’une paroisse rurale, division interne du diocèse.

Le christianisme n’est pas seulement pratiqué par les évêques et les prêtres définit comme le clergé séculier (c'est-à-dire en contact avec le siècle, le monde extérieur,) mais aussi par d’autres hommes les moines.

  1. Les premiers moines.

Dès le IV° siècle avec la fin des persécutions, des Chrétiens ont l’impression d’un relâchement de la rigueur de la religion. Certains d’entre eux vont aussi avoir le désir de mener une vie rigoureuse, en accord avec les paroles du Christ, loin du monde : ce sont les moines.

Le terme « moine » vient du grec monos qui signifie seul : le moindre est donc au départ un ermite. Le monachisme va se diffuser sur le pourtour de la Méditerranée, notamment en Orient (désert Egyptien, Palestine, Syrie) ou en Provence.

Ces premiers moines sont des ascètes, on les appelle les « fous de Dieu » car ils mettent en œuvre des pratiques étranges et extrêmes. C’est le cas d’Antoine, un ermite égyptien, qui vécut 5ans dans un tombeau depuis 20ans dans un fortin abandonné, à la recherche de Dieu. Syméon l’Ancien, près d’Antioche passa 20ans perché sur une colonne, c’est un stylite. Ces moines prient continuellement tout en jeûnant, en se privant de sommeil, en étant vêtu de haillons.

Ils génèrent l’admiration des populations qui font parfois une longue route (pèlerinage) pour prendre leur conseil. Ainsi la foule s’assemblait au pied de la colonne de Syméon, certains ramassaient de la terre pour confectionner des eulogies, sorte d’amulette à l’effigie du saint.

Cette rigueur extrême qui ne convient pas à tous, va susciter aussi un autre mode de vie, un apprentissage de cette ascèse en communauté : c’est la vie cénobitique.

Les moines cénobites vivent sous la direction d’un supérieur, un abbé.

Que ce soit en Orient ou en Occident, le monachisme à un succès grandissant. Cette prolifération monastique n’est pas très structurée, chaque monastère adopte le mode de vie qu’il souhaite et chaque groupe à ses propres règles de vie.

Les règles écrites vont se multiplier aux V° et VI°. Parmi elles, la règle de saint Benoît, écrit par un moine italien du milieu du VI° est appelé à un grand succès.

La vie de saint Benoît a été écrite par le pape Grégoire le grand (mort en 604)

Elle occupe les 38 premiers chapitres du second livre des Dialogues. Grâce à e texte on sait que Benoît est né à la fin du V° dans la province de Nursie en Ombrie dans une famille de la petite aristocratie. Après des études à Rome, il fuit pour se retirer dans une colonie d’ascètes. Il se retire seul dans une grotte près de Subiaco, à environ 70km au sud de Rome. Après 3ans, sa renommée est telle qu’il attire de nombreux disciples Ils forment alors des petits monastères de douze moines soumis à leur supérieur mais placés sous la dépendance du fondateur.

Vers 525, il se rend au Mont Cassin et y fonde un monastère où il y rédige sa règle. Il y meurt vers 547.

La règle de Saint Benoît comprend 73 chapitres, sans ordre précis, traitant de la perfection chrétienne et de l’organisation d’un monastère.

Le moine intègre les congrégations jusqu’à sa mort, comme une famille. Il est alors soumis à l’abbé auquel il doit obéissance.
Avant de prêter ses vœux définitifs, il suit une période de noviciat.

La Règle régit la vie quotidienne du moine : son sommeil, ses repas, la célébration régulière des prières, ses sorties, le travail manuel etc..

A partir de la fin du VI° le monachisme occidentale est enrichi par l’apport original du monachisme anglo-saxon et irlandais.

Ce monachisme est marqué par une ascèse rigoureuse et caractérisé par la nécessité de prergrination pre Dei, c'est-à-dire la fuite concrète de son pays, le voyage errant.

Le plus connu est Colomban qui a débarqué en Armorique vers 575, et prérégrina à travers la Gaule puis en Lombardie. Avec l’aide de l’aristocratie, il fonda plusieurs monastères du Luxeuil et Bobbio (il y meurt en 615). Il écrivit aussi une règle sévère qui a été adoptée par de nombreux monastère des royaumes francs.

L’architecture de ces premiers monastères est loin de ressembler à l’image classique de bâtiments disposés autour d’un cloître qui apparaît beaucoup plus tard. On connaît très mal la structure de ces premiers monastère, mais on sait que les bâtiments sont souvent réunit à l’intérieur d’une enceinte, d’un mur.

Ainsi entre le IV° et le VI°, on peut véritablement attester le triomphe du christianisme. D’abord pratiqué par les empereurs, puis les élites urbaines, il gagne progressivement l’ensemble de la société. De fait, l’encadrement des pratiques chrétiennes passe par la mise en place du clergé, premiers pas dans le processus de christianisation, long et complexe.

Etre aristocrate au Haut moyen age

ETRE ARISTOCRATE AU HAUT MOYEN AGE

Aristocrate : terme utilisé par les historiens au sens général du terme.

On peut aussi utiliser le terme de noblesse : nobilis, nobilitas, terme que l’on trouve dans les textes : celui qui est connu.

Elites : (connotation péjorative) une utilisation dans le sens des sociologues (Bourdieu) ça signifie l’essentiel des dominants (du coup on peu trouver aussi bien des religieux que des laïcs)

Dans les textes le vocabulaire utilisé pour parler de ces personnes est très diversifié.

Ceux qu’on va appeler aussi les Grands : nobilis, proceres, optimates,.

Un seul terme qui renvoyait à cette catégorie sociale.

I. L’importance du passé : naissance et memoria.

  1. Naître dans une famille connue.

Appartenance à la noblesse c’est naître dans une famille connue.

Noble : noscere = connaître.

Dans l’antiquité romaine, le mot noble est déjà utilisé et ceux qui y appartiennent = Sénateur plus descendance (sur 3 génération)

Pendant l’antiquité tardive, chez les germains, il n’ ya aucune défense juridique donc les nobles) ceux qui étaient de grands guerriers et qui avaient des ancêtres de grands guerriers et d’hommes libres.

Deux définitions qui sont éloignés dans l’antiquité.

Au haut Moyen Age ces critères vont fusionner et donc la noblesse = sens plus large.

  1. Conserver la mémoire des ancêtres.

2nd appartient à l’aristocratie, il faut le pouvoir le prouver.

D’abord pour célébrer dans la faveur de ses ancêtres à chaque fois qu’on écrit un texte, qu’on fait un acte de donation dans le préambule, on va faire une prière, pour les ancêtres de la famille.

Dans pratiquement tous les textes, rappel des générations proches de la famille.

Mais aussi demande de faire la prière pour les ancêtres à un moine

Pour être admis au Paradis, le plu important c’est qu’on peut avoir recours à quelqu’un pour aider, c'est-à-dire un moine, en priant pour le salut de l’âme.

Les aristocrates donnent aux moines des listes qui sont inscrits dans des livres particuliers [livres de mémoire dont le plus connu : le livre du monastère de Reichenau] pour que les moines prient pour ces personnes.

Les livres étaient ouverts à une page et les noms étaient lus pendant la messe et ç a pris une ampleur énorme.

Pour célébrer les ancêtres il faut aussi aller un peu plus loin, il faut écrire leur histoire, on voit naître une généalogie prestigieuse.

On peu aussi célébrer ses familles dans des textes (bien que très rare)

Système transmis des noms au Moyen Age : particulière au Haut Moyen Age ; on n’a qu’un nom.

Transmission des éléments de la famille ce qui va se transmettre, ce sont des éléments du nom (un peu comme un radical). Nom composant 2 éléments.

A chaque fois qu’on va avoir un enfant il va hériter d’une partie du nom de ses ancêtre une partie du nom et l’autre ou une partie du cousin et une partie grand père.

Héritage venant de la mère aussi important que ce lui du père. La femme a un rôle important dans la transmission du nom. Mais de plus e n plus on va voir des transmissions entière du père.

Fin de notre période, XI°, apparaît un surnom car le stock des noms est épuisé.

  1. L’encrage territorial de la mémoire.

On peut aussi dire qu’on appartient à l’aristocratie car enterrés dans un endroit particulier. Pour assoir son pouvoir et sa mémoire on peut constituer un cimetière personnel sur son domaine. Ils vont fonder des petits monuments ou des églises et enterrer leurs morts chez eux.

Personnes enterrée avec les vêtements et bijoux représentatif de leur condition sociale.

Tous ces défunts enterrés avec de beaux objets jusqu’au VIII° car après les objets sont donnés aux héritiers ou aux églises. Pour la Haute Aristocratie, ce ne sera pas une simple église mais un monastère fondé sur le domaine, on va faire venir un groupes de moines privés qui prient pour eux et surveillent les tombes.

Monastère de Nivelle fondé sur une terre des Pipinnides.

II. Posséder et changer : richesse et reconnaissance sociale.

Appartenir aux groupe des puisant se fait car possession de bien (meubles/immeubles)

Notion de richesse pendant l’antiquité, le riche c’est celui qui a accumulé un trésor (butin, accumulé par les conquêtes)

Celui qui est vraiment riche c’est celui qui va redistribuer la fortune.

Donc au Haut Moyen Age la richesse ne se conçoit sans redistribution de l’échange.

Le roi qui est celui qui redistribue le plus est donc considéré comme le plus riche.

  1. Les domaines territoriaux importants et dispersés.

Posséder un territoire= richesse.

Souvent les aristocrates possèdent plusieurs domaines : testaments de Didier de Cahors (75 domaines)

Domaines polycentrique : à plusieurs centres.
Les aristocrates donc se déplacent en permanence. Cette dispersion est très importante car du coup la même famille peut agir à différents endroits de l’Empire.

  1. L’importance du trésor.

Trésor : 3types d’objets.

Objets inaliénables ; qui se transmettent tout le temps.

Objets précieux ; pour la plupart fait en matériaux précieux. On peut aussi avoir des vêtements, livre, vaisselle, ce sont en général ceux là qui sont redistribués.

Monnaies : peu nombreuses, servent souvent pour payer une rançon.


III. Encadrement et protéger ; pouvoir et fonction sociale.

  1. Un pouvoir guerrier réel et symbolique.

Symbolique : port de vêtements spécifiques, mais aussi d’armes qui ne servent pas pour le combat (or et pierre précieuses) Ces objets sont retrouvés dans la tombe, le pouvoir du guerrier ce fais dans 2domaines : familles et domaines.

  1. Des hommes libres au service du pouvoir public.

Homme libre : liberté juridique, quelqu’un qui dispense de tous les rois.

Peut accuser se faire témoin, peu se marier, assister aux plaids, peut faire parti de l‘armée.

S’opposent aux esclaves et cerfs.

Formés à la cours parmi les nourris du palais (nutritus) Pour l’époque carolingienne, royauté et aristocratie fonctionne de façon très étroite.

Charge publique (Honores, Honneurs) confiés à l’aristocrate par le roi. L’aristocrate représente le roi (Comte, Duc, Missus, Trésorier, Chambrier….)

Avec les honores on leur donne des biens.
Véritable compétition entre les membres de l’aristocratie.
Jusqu’au meurtre.
Jeux de pouvoir assez complexe.

Priver quelqu’un de ses honores (déshonorer) ; peine qui est très grave.

Le roi attend d’eu une fidélité absolue.

Petit a petit se complexifie ; la vassalité, débute.

Le vassal : aristocrate attaché au service du roi qui va lui demander des services. (servir dans l’armée de manière presque obligatoire)

Grand moyen de contrôle de l‘Empire.

Mobilité relative de l’aristocratie va diminuer

la construction de l'empire carolingien

LA CONSTRUCTION DE L’EMPIRE CAROLINGIEN.

Ascension des Pippinides, famille aristocratique depuis le début du VIII°.

Cette famille va s’imposer en Austrasie.

Les Carolingiens vont finir par occuper la première place dans le royaume au milieu du VIII° et redonner une nouvelle naissance à l’Empire ; Couronnement de Charlemagne par le Pape à Rome en l’an 800

I. La rénovation de l’Empire : l’Empereur.

Pas de séparation de l’Eglise et de « l’Etat » bien au contraire, on souhaite alors un véritable fonctionnement en commun de l’ensemble des membres de la société, au service de mêmes objectifs.

Renouveau de l’empire concrétisé par le couronnement de Charlemagne.

  1. La royauté carolingienne : la dilatation regni : l’expansion du Royaume

Le pouvoir des Carolingiens s’appui d’abord sur l’Austrasie et la Neustrie que Charles dit Martel gouverne avec le titre de Duc et prince des Francs (depuis 719)

Fin VII° le royaume des francs apparaît assez divisé : de riches aristocrates ont pris le titre de « prince « et dominent certaines régions périphériques comme l’Aquitaine ou la Bourgogne.

Charles Martel domine par son charisme et ses coups d’éclats contre les musulmans qui parviennent alors jusqu’à Poitiers (732)

Charles apparaît come un véritable « vice roi » en réalité il n’est que Maire du Palais. C’est un de ses fils Pépin le Bref qui lui succéda en Neustrie, Bourgogne et Provence

Il est, grâce à l’appui du pape sacré roi à Soissons en 751 (début de la Dynastie Carolingienne) , sacre renouvelé en 754 à la Basilique Saint Denis en présence du Pape

Charlemagne son fils occupa la plus grande partie de son règne à des guerres de conquêtes. A sa mort en 814 ; l’étendue de son empire est de plus de 1millions de km².

Son biographe Eginhard nous a transmis un brillant résumé des conquêtes faites pendant 47ans de règne.

[768-771] : exépditions surtouts limités à l’intérieur du royaume.

[772-800] Temps des conquêtes, ont lieu en 3 directions.

Conquêtes du Royaume Lombard.

Commence en 772, jusque 779 avec la formation d’un Regnum d’Italie à tête duquel le souverain place son fils Pépin.

Conquête de la Saxe et de l’Est de la Germanie (Bavière)

Commence en 772 et s’effectue dans un climat différent, le souverain pratiqua une politique de terreur, massacrant les saxons ou les forçant à se soumettre et à se convertir au christianisme. (Massacre de Verden en 782 : 4500 saxons tués)

Vers le sud : la péninsule Ibérique.

Comporte un petit royaume chrétien au Nord, celui des Asturies, toute la partie sud est occupée par l’Emirat Musulman de Cordoue (conquête arabe depuis 711). C’est le gouverneur de Saragosse, un musulman révolté qui demande de l’aide à Charlemagne, celui-ci accepte car il rêve reprendre l’Espagne aux arabes.

L’expédition se termina mal ; lorsque Charles rentre en France, son arrière garde est attaquée par les Vascons en 778. De plus l’aquitaine est mal pacifiée et pour contrer toute révolte, le souverain institue le royaume et le confie à son fils Louis en 781.
Les chrétiens viennent trouver refuge de l’autre côté des Pyrénées : création de la marche d’Espagne..


B. Charlemagne empereur : l’idéologie impériale chrétienne.

Idée d’un roi soutenant la chrétienté.

Couronnement en 800 : 1er Empereur Carolingien.

Modèle des sages rois bibliques : Salomon et David. Couronnement évoque aussi l’héritage de Constantin.

L’empereur carolingien est sacré, c’est un élu de Dieu et par son onction par le pape et son couronnement il est investi d’un pouvoir sacré double pouvoir de l’Empereur, à la fois temporel et spirituel.

Chapelle du Palais que Charlemagne fit construire à Aix la Chapelle, met particulièrement en évidence le rôle de l’empereur. Pour édifier cette chapelle un plan fut centré, choisi dont le modèle peut être l’église St Vital à Ravenne. A Aix l’octogone de la chapelle était recouvert par une coupole.

Trône de l’Empereur à l’image de celui de Salomon dans la Bible.

Le souverain est représenté dans un trône richement orné à l’instar du Christ en majesté et du trône d’Aix.

Se développe toute une idéologie autour de l’Empereur. L’empereur avait toute autorité dans les domaines politiques, judiciaires, législatifs et militaires, il devient aussi en quelque sorte le chef de l’Eglise.

  1. Les successeurs de Charlemagne.

Le fils de Charlemagne Louis le Pieux a longtemps été perçu comme un empereur faible en raison de sa trop grande piété. De son règne on ne retient que le succès des réformes monastiques.

Les divisions au sein de la famille carolingienne vont contribuer à affaiblir le rôle de l’empereur. L’un des souverains parvient à réunifier l’empire pour quelques années : Charles le Chauve entre 875-877 et Charles le Gros entre 881-888.
Maintien de l’empire aussi dû au soutien de l’Eglise.

Jusque là la papauté vit dans l’ombre des empereurs mais ces conflits vont participer à son « réveil » les papes commencent à protéger l’un ou l’autre des souverains mais c’est surtout Léon IV (847-855) qui est le 1er à mettre par écrit les réflexions sur le pouvoir universel du pape et de l’empereur.

En 888, Charles le Gros meurt sans postérité. Le titre d’Empereur est cependant porté par ses successeur jusqu’en 924 mais sans un réel effectif.

II. Gouverner l’Empire.

  1. Une nouvelle « spatialisation » des agents.

Les souverains tentent d’imposer un nouveau fonctionnement multipliant le nombre des fonctionnaires encadrant la population.

L’empereur gouverne l’empire en se déplaçant. Il dispose d’un certain nombre de palais. Mais il est aussi reçu dans les grands monastères d’occident qui lui réservent des appartements fastueux.

Il se déplace avec son chancelier ce qui lui permet de rédiger des actes partout où il séjourne.

Palais comptent toujours au moins 3pôles importants : administratifs et politique, centré autour de l’Aula, grande salle de réception et salle de trône, un pôle privé (appartement pour le roi et sa suite) et un pôle sacré avec une chapelle.

Royaume ~territoires autonomes ; il s’agit au départ d’une conception polycentrique.

La division de l’empire est une solution qui fonctionne sur la confiance et la solidarité entre parents d’une même famille, c’est aussi un véritable risque de divisions et de conflits.

Il y a des subdivisions administratives : les comtés d’origine antique qui sont octroyés à des comtes, révocables.

Le roi confie les honneurs (honores) c'est-à-dire des charges publiques à des hommes puissants des aristocrates, fidèles à l’empereur.

Le comte peut être assisté par des viguiers ou des vicomtes.

Toutefois la confiance peut être fragile, elle est alors consolidée par les dons de l’empereur.

Les comtes quadrillent donc les terres impériales de différentes façons.

Le duché carolingien est un territoire sur lequel s’exerce l’autorité du duc, chef militaire par excellence.

  1. Un système basé sur la fidélité.

Il convient d’assurer une fidélité et une solidarité à toute épreuve.

La fidélité des grands doit toutefois être particulièrement surveillée.

L’importance de ce lien social dans le maintien d’un « bon gouvernement » explique pourquoi les stratégies de pouvoir et l’installation de réseaux d’amitié et de fidélité sont capitales et prégnantes dans cette société.

De véritables maillages de l’aristocratie se constituent.

802 : généralisation par Charlemagne des missi dominici rentre pleinement dans cet effort pour contrôler les agents royaux surveillant l’application des réformes. Veiller sur les lointaines provinces de l’empire.

Vont par 2 (1 laïc, 1 ecclésiastique)

Le missus est envoyé en mission auprès du comte d’un monastère, d’une église, pour contrôler faire respecter et appliquer les décisions impériales.
Les carolingiens ont mis en place une administration assez lourde

Fidélité avec aristocratie et solidarité : fondamental.

A partir de 843, les divisions familiales vont contribuer à saper ce système.

  1. Des partages incessants de 843 à 888 : quelques repères.

Partage de Verdun en 843 : partage de l’empire carolingien en 3 royaumes, résultat d’un premier traité dont les conséquences sont durables et qui porte le nom d’une cité d’Austrasie, Verdun.

Tradition Germanique qui perdure et donc e traduit par ces partages territoriaux successifs.

3 fils de Louis le Pieux, nés de 2 mariages ; Lothaire, Louis et Charles vont se battre et il faut 3ans de négociation pour parvenir à un accord.
A la mort de Louis le Pieux, Lothaire va revendiquer l’héritage de l’empire : les deux autres frères engagent le conflit.

842 négociation : partage de Verdun..

Lothaire conserve la dignité impériale et obtient un royaume qui s’étend de la Mer du Nord à l’Italie septentrionale.

Charles le Chauve devient roi de la France ou de la Francie occidentale.

Louis reçoit les territoires orientaux à l’Est du Rhin et au Nord des Alpes.

ð Régime de confraternité entre princes ; ils décident de se réunir épisodiquement

De la mort de Lothaire I° à la mort de Lothaire II (855-860)

En 855, Lothaire meurt et auparavant il partage son royaume entre es 3 fils : Louis II hérite du titre impérial et règne sur l’Italie.

Lothaire II règne sur le Jura qui devient la Lotharingie. Charles a le reste : Bourgogne et Provence « confraternité » échoue : les conflits reprennent.

Partage de Meersen en 870

Lothaire meurt en 869, son fils bâtard Hugues est écarté, Charles le Chauve et Louis II vont donc en profiter pour se partager le royaume de Lothaire II.
Par ailleurs Charles le Chauve se remarie avec Richild fille d’un comte Lotharingien.

Louis II et Charles le Chauve vont donc partager l’ancien royaume de la Francie médiane le règlement a lieu à Meersen dans une villa royale sur la Meuse.

Louis II obtient Aix la Chapelle et Metz.

Charles le chauve : une partie de la vallée du Rhône.

Partage qui tient tant bien que mal jusque 888 à la mort de Charles le Gros.

Date de l’élection d’Eude comte de Paris, comme roi de France il est le 1er capétien.

III. La « renaissance » culturelle carolingienne.

  1. Education et culture.

Les carolingiens ont largement développés les écoles : écoles liés à l’Eglise.

L’instruction reste avant tout réservée aux enfants de l’aristocratie, on instruit surtout les clercs ou les enfants consacrés au monastère ; les oblats.

Toute fois l’on doit à charlemagne de créer des écoles presbytérales om tous les enfants étaient admis mais qui restent peu fréquentées, peu nombreuses et l’instruction y été rudimentaire.

  1. Conserver le savoir ancien.

Renouvellement des scriptoria dans les monastères, ces officines où les moines vont vraiment être les conservateurs du savoir : ils produisent de nouvelles œuvres.

Plan de Saint Gall (manuscrit issu des discussions d’Aix de 819) montre la place du scriptorium et de la bibliothèque à l’Est de l’église et celle des personnes extérieur au nord constitué de grands bâtiments avec 12 salles d’études, mais tous les monastères n’eurent pas les moyens de créer cette double structure.

Unification de l’écriture : reflète l’ordre Carolingien, monastère de Corbie mit en œuvre une nouvelle écriture vers 780 qui fut adopté par l’empire et dénommé en l’honneur du roi : l’écriture caroline.

  1. Une renaissance culturelle réservée aux élites ?

Les carolingiens ont œuvré pour une rénovation des structures administratives de l’Eglise et de la culture.

L’économie rurale avec ses grands domaines d’exploitation mais aussi tous ces paysans pauvres assujettis aux grands qui constituent la majorité de la population.

Conclusion générale :

Rénovation de très courté durée.

Respect de la coutume germanique

Aristocrates se transmettent les honores ; certains vont constituer des principautés agglomérant plusieurs comtés.